L’Islam enseigne que la nature existe suite à un acte de création. Le Saint Coran nous apprend que Dieu a créé d’abord la matière en scindant une masse homogène ‘’ratqun’’[2], qu’Il a ensuite créé les constituants élémentaires de la matière ‘’aqwat’’[3] en quatre temps parmi six et finalement notre système solaire-planétaire à partir d’une nébuleuse ‘’dukhan’’[4]. De cette nébuleuse a-t-Il formé, dans un premier temps, le ciel et ses confins ‘’saqf’’[5], puis le soleil, enfin la Terre et les autres planètes. Puis, en concentrant la matière dans les corps célestes et en en vidant les cieux, Dieu étire le tout, à savoir l’univers ‘’wa inna lamusi’un’’[6].
A plusieurs reprises le Saint Coran mentionne que la Terre est formée de roches ‘’rawasia’’[7] ou astéroïdes qui ont fait collision avec la proto-Terre pour augmenter le volume de celle-ci et apporter, en quantité suffisante, les constituants élémentaires[8] à partir desquelles la matière, y compris les êtres humains, pouvait se développer. Aussi, selon le Coran, Dieu a descendu sur la Terre de l’eau[9] qu’Il a, par la suite, extrait de son intérieur[10] pour la laisser couler sur sa surface. Et de cette eau, Il a créé toute chose vivante[11] : d’abord Il a fait sortir, de la Terre, les plantes[12], puis a disséminé les animaux[13], enfin créé l’être humain[14].
Selon l’Islam, l’origine des êtres humains se trouve dans le premier homme, à savoir Adam[15] que Dieu a créé à partir des constituants élémentaires et de l’eau, rendus disponibles sur la Terre. Ainsi l’Islam rejette toute forme d’appartenance de l’être humain à la classification des animaux, et spécialement à l’ordre des primates ainsi que toute idée d’évolution à partir d’un ancêtre commun avec les singes. Par contre, l’être humain a un statut particulier,
- celui d’un lieutenant ‘’khalifa’’ sur la Terre[16],
- celui qui s’est vu doté la forme physique la plus parfaite ‘’ahsanu taqwim’’[17] parmi les créatures,
- celui dont la nature originelle est l’adoration de Dieu exclusive[18],
- celui auquel la Terre et tout ce qui s’y trouve a été mis à disposition ‘’sakhara lahu’’[19], et par conséquence,
- celui qui a la domination et la responsabilité sur les animaux domestiques[20].
Pourtant, l’être humain doit être conscient que ce statut lui donne des droits ainsi que des responsabilités et qu’il n’a aucun droit d’abuser cette domination au détriment des autres créatures. Il doit donc respecter le droit que Dieu a accordé aux créatures vivants, à savoir que la Terre a été créé pour eux tous[21].
- La position de l’animal dans la création selon la religion islamique
Répétons encore que la Terre a été façonnée avec le but d’être vivifiée grâce à son eau et d’être le lieu parfait ou flore et faune se répandent. Ceci souligne une fois de plus que toutes les créatures ont le droit de se partager cet espace.
Et outre ce droit, voyons quelles sont des caractéristiques physiques animales, mentionnées dans le Coran. A cet égard, l’être humain est invité à reconnaître ces caractéristiques en tant que signes de création qu’il trouve non seulement dans le règne animal mais, malgré sa propre domination, également chez lui[22], à savoir :
- que les humains et les animaux naissent après une plus ou moins longue période de gestation dans le ventre de leur mère[23],
- qu’ils sont créés par couples – de mâles et de femelles[24],
- d’une façon harmonieusement proportionnée[25],
- à partir de l’eau[26],
- qu’ils présentent, en dedans des espèces – humaine et animales -, des différentes races et couleurs[27],
- qu’ils vivent dans des communautés[28],
- et mangent de ce que la Terre leur présente comme nourriture[29].
Ensuite, nous savons que l’animal se trouve dans l’incapacité de réfléchir ou de prendre une décision dans le but d’organiser sa vie, comme le fait l’être humain. Il est donc intéressant de mentionner que les animaux suivent des instincts, ce que le Coran nomme ‘’inspiration’’ ou ‘’révélation’’ de leur Seigneur. Ainsi, par cette inspiration divine, l’abeille apprend à ‘’prendre des demeures dans les montagnes, les arbres ou les treillages’’[30]. De même les oiseaux qui ont appris par inspiration la ‘’façon d’adorer Dieu et de Le glorifier’’[31] lorsqu’ils chantent matin et soir. Ou encore le battement de leurs ailes qu’ils ‘’déploient et replient tour à tour. Seul le Tout Miséricordieux les soutient’’[32] est une autre sorte de soumission au Seigneur.
Enfin, l’être humain est invité à reconnaître sa dépendance et celle des animaux de la nature, créée et maintenue par Dieu. Ainsi sa vie est constamment soumise à Dieu, non seulement par le bon fonctionnement de ses organes mais aussi par les innombrables différents facteurs externes. Le Coran met ainsi l’accent sur le fait qu’Allah a placé dans la Terre des vivres et des réserves de ce, dont les êtres vivants ont besoin, en quantité suffisante pour l’ensemble des créatures[33], et il distingue entre les animaux sauvages, qui ne se trouvent pas sous la responsabilité de l’être humain, et les bêtes domestiques, qui dépendent bien sûr de lui[34].
- Les droits des animaux sur les êtres humains
Résumons donc : En utilisant son droit du libre choix, l’être humain est invité à partager avec les animaux les vivres de la Terre, de manifester sa responsabilité et sa bonté envers eux et de l’humilité devant Dieu. A cet égard, une histoire d’un homme qui sauvait la vie d’un chien assoiffé était digne d’éloge auprès du Prophète (SAaS) qui terminait sa phrase en disant: ‘’Pour tout bien, fait à une créature vivante, il y a une récompense auprès de Dieu’’.[35]
Voici quelques d’autres dires du Prophète (SAaS) qui traitent des droits fondamentaux des animaux que l’être humain doit absolument respecter. Le Prophète de l’Islam interdit à tout musulman…
- de traiter un animal d’une manière rude[36]
- de charger une bête au delà de sa capacité[37]
- de frapper un animal dans le visage ou de l’y marquer[38],
- d’enlever à une maman animale son petit[39]
- d’enfermer une bête et la priver de nourriture[40],
- d’utiliser des peaux de fauves comme selle ou tapis[41],
- de couper une partie du corps tant qu’il est vivant[42],
- de tuer un animal pour le plaisir[43],
- de prendre un animal vivant comme cible et tirer sur lui[44],
- d’inciter deux animaux à se battre ou à s’entretuer[45],
- de saccager culture et bétail[46]
Par ailleurs en ce qui concerne les caravanes anciennes, l’Islam enseigne quelques règles à respecter vis-à-vis des bêtes de somme. Par exemple, on leur laisse le temps de brouter des herbes lors de la traversée de régions de végétation abondante tandis qu’on traverse rapidement les endroits arides et dépourvus de végétation.[47] Cela permit aux bêtes de se réjouir après des heures de fatigue. Au moment de l’arrêt de la caravane, l’Islam oblige le voyageur de décharger sa bête, de la laisser libre ou de lui donner à manger, avant qu’il s’occupe de soi-même.[48]
Enfin, il arrive – comme déjà mentionné plus haut – que les juristes doivent faire face à des problèmes nouveaux. Ils ont alors élaboré des lois juridiques de base, qu’ils utilisent pour déduire des réponses à ce genre de problèmes comme p.ex. : ‘’Les intérêts des uns n’annulent pas les droits des autres’’. Alors quels exemples connaissons nous où les juristes musulmans doivent faire recours à leur savoir pour trouver une réponse qui est en concordance avec l’enseignement donné par le Coran et les Hadith ?
- Est-il licite à un fermier musulman d’enlever le veau à sa mère dans le but de vendre plus de lait ?
- Les expériences faites avec des animaux à des fins commerciales sont elles permises sans être une nécessité absolue ?
- Dans la chaine de production de la viande en masse, est-il permis à un musulman d’égorger l’animal seulement après l’avoir étourdi? Et sa viande est-elle licite à la consommation ?
- Les droits des êtres humains sur les animaux domestiques
Le Coran enseigne que les bestiaux ont été créés pour l’être humain.[49] L’être humain a le droit de bénéficier d’eux et de tirer pleinement profit, tout en respectant le règlement de bonté et évitant de les exploiter. Le Coran évoque donc les bénéfices suivants : L’homme se sert de ses animaux principalement…
- comme monture de transport comme s’était la pratique des temps précédant l’automobile [50
- comme monture de sport et de compétition[51],
- en tant que moyen de transport des biens d’antan[52],
- afin de couper leur laine et en produire des vêtements[53] et du mobilier[54],
- pour manger de ce qui est produit dans leurs corps comme leur lait délicieux[55] ou le miel en divers couleurs qui est remède à certaines maladies[56],
- comme moyen de se divertir et contempler leur beauté[57],
- pour manger leur chair[58],
- et pour utiliser leur peau[59].
[1] (Rapporté par Anas ibn Malik) Al-Bukhari ; livre 10 : Al-Quibla, Chap. 1, No du Hadith 384.
[2] Le Coran, 21, 30.
[3] Le Coran, 41, 10.
[4] Le Coran, 41, 11.
[5] Le Coran, 79, 27-28.
[6] Le Coran, 51, 47.
[7] Le Coran, 41, 10.
[8] Le Coran, 16, 15 et 51, 22.
[9] Le Coran, 23, 18.
[10] Le Coran, 79, 21.
[11] Le Coran, 21, 30.
[12] Le Coran, 20, 53.
[13] Le Coran, 24, 45 et 31, 10.
[14] Le Coran, 64, 3.
[15] Le Coran, 2, 30.
[16] Le Coran, 2, 30.
[17] Le Coran, 95, 4.
[18] Le Coran, 30, 30.
[19] Le Coran, 45, 13.
[20] Le Coran, 40, 79.
[21] Le Coran, 55, 10.
[22] Le Coran, 45, 4.
[23] Le Coran, 13, 8.
[24] Le Coran, 42, 11 et 51, 49.
[25] Le Coran, 54, 49.
[26] Le Coran, 24, 45.
[27] Le Coran, 35, 28.
[28] Le Coran, 6, 38).
[29] Le Coran, 11, 6 – 80, 24-32 – 32, 27 – 29, 60.
[30] Le Coran, 16, 68.
[31] Le Coran, 24, 41.
[32] Le Coran, 67, 19.
[33] Le Coran, 16, 19-21.
[34] Le Coran, 41, 10.
[35] Hadith narrated on the authority of Abu Huraira, Al-Bukhari, Book 78 Good Manners and Form, Chapter 27: Being merciful to the people and to the animals, No de Hadith : 6008.
[36] Hadith narrated on the authority of Aishah: ‘’I was riding a restive camel and turned it rather roughly. The Prophet (SAaS) said to me: ‘it behoves you to treat the animals gently’.’’ Muslim, Vol. 4, Hadith 2593.
[37] Narrated by Abdullah ibn Ja’far that the Prophet (SAaS) once passed by a lean camel whose belly had shrunk to its back. Fear God, he said to the owner of the camel, in these dump animals and ride them only when they are fit to be ridden, and let them go free when it is meet that they should rest. Al-Hafiz Basheer Ahmad Masri, Animal Welfare in Islam, The Islamic Foundation, 2007, page 47.
[38] Rapporté par Jabir ibn Abdillah : ‘’Le Prophète (SAaS) a interdit de frapper sur le visage d’un animal ou de le y marquer’’. Selon Muslim, Vol. 3, Hadith No. 2116.
[39] Hadith rapporté par Ibn Mas’ud : ‘’Nous étions en voyage avec le Messager de Dieu (SAaS)…Nous vîmes alors un oiseau avec ses deux petits. Nous prîmes les deux oisillons et leur mère se mit à voler au-dessus de nos têtes. A ce moment arriva le Prophète (SAaS) qui dit : ‘’Qui a fait de la peine à cet oiseau en lui prenant ses petits? Allez, rendez-lui ses enfants!…’’, Abu Daoud, Vol. 3, Hadith No. 2675, / Riyad as-Salihin (Les jardins des vertueux), Imam Mohieddine Annawawi, traduction et commentaire du Dr. Salaheddine Keshrid, Hadith No.1610.
[40] Hadith rapporté par Ibn Omar que le Messager de Dieu a dit : ‘’Une femme a été tourmentée en Enfer à cause d’une chatte qu’elle avait enfermée…’’ Riyad as-Salihin (les jardins des vertueux), Imam Mohieddine Annawawi, traduction et commentaire du Dr. Salaheddine Keshrid, Hadith No.1600.
[41] Rapporté par Mou’awiya que le messager de Dieu (SAaS) a dit : ‘’N’employez pas, pour vos selles, ni la soie ni les peaux de fauves.’’ Selon Abou Dawud. Extrait de : Riyad as-Salihin (les jardins des vertueux), Imam Mohieddine Annawawi, traduction et commentaire du Dr. Salaheddine Keshrid, Hadith No. 811.
[42] Hadith narrated on the authority of Ibn Omar that the Prophet (SAaS) said : ‘’Whatever is cut off an animal, while it is still alive, is carrion and is unlawful to eat’’, Ibn Majah, 28 Chapters of hunting, Hadith No. 3216..
[43] Hadith rapporté par Anas ibn Malik, Chapitre 12 ‘’L’interdiction d’enfermer des animaux vivant et de les utiliser comme cible’’, Muslim, livre 34 ‘’chasse et l’immolation’’, Hadith No. 1956.
[44] idem
[45] Hadith narrated on the authority of Abdullah ibn Abbas : ‘’God’s Messenger (SAaS) forbade inciting animals to fight each other’’ Bukhari and Muslim
[46] Le Coran, 2, 205.
[47] Hadith narrated on the authority of Abu Huraira: ‘’When you journey through a fertile land, you should (go slow and) give the camels a chance to graze in the land. When you travel In an arid (land) where there is scarcity of vegetation, you should quicken their pace (lest your camels grow feeble and emaciated for lack of fodder). When you halt for the night, avoid (pitching your tent on) the road, for it is the abode of noxious little animals at night’’, Muslim, Book 33 The Book on Government, Chapter 54, Hadith No. 1926.
[49] Le Coran, 16, 5.
[50] Le Coran, 16, 8 – 23, 22 – 40, 79.
[51] Le Coran, 16, 8.
[52] Le Coran, 16, 7 et 40, 80.
[53] Le Coran, 16, 5.
[54] Le Coran, 16, 80.
[55] Le Coran ; 16, 66 et 23, 21.
[56] Le Coran, 16, 68-69.
[57] Le Coran ; 16, 6 et 8 – 23, 22.
[58] Le Coran, 16, 5 – 23, 21 – 40, 79.
[59] Le Coran, 16, 80.